Chapitre 2: LA RELIGION - Philosophie Terminale D | DigiClass
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LA RELIGION

I.  INTRODUCTION

La philosophie est une forme de connaissance qui a pour fondement le doute, l’esprit critique et l’étonnement. L’esprit philosophique développe une connaissance rationnelle car l’objectif en philosophie n’est pas seulement d’avancer des thèses, mais de prouver leur rationalité. En cela, la connaissance philosophique est rationnelle à la différence de celle de la religion qui se fonde sur des dogmes, sir la croyance sans preuve. La religion n’accepte pas le plus souvent la critique qu’elle considère comme signe de contestation, de désordre et de division. Dès lors, nous sommes en droit de nous interroger : qu’est-ce que la religion ? Est-elle de même nature que la magie b ? celle-ci est-elle le lieu de la vérité ? Si oui, n’est-ce pas une vérité consolante ? Si non, comment justifier autant e ferveur autour d’une contre-vérité ? La religion st-elle facteur d’union ou de désunion entre les hommes ? Mais tout d’abord, qu’est-ce qu’un religieux ?

II.  APPROCHE DEFINITIONNELLE

A.  Définition de la religion

L’unanimité n’est pas faite autour de l’étymologie du mot ‘’religion ‘’. Pour certains, le mot dérive du verbe latin $\textbf{‘’religare’’}$ qui veut dire relier ou rattacher. Ici, la religion serait ce qui relies hommes à ce qui les dépasse, à la divinité, au sacré, à l’au-delà ; elle serait aussi ce qui relie les hommes entre eux en leur donnant une culture commune. Pour d’autre, la religion viendrait plutôt de $\textbf{‘’relegere’’}$ qui, lui, signifie recueillir scrupuleusement, prendre soin, ne pas négliger ; c’est voir ici la religion comme piété, un respect, une ouverture et un accueil du sacré.

Notons que tout religion est basée sur un ensemble d’idées (ou de croyances) qui prétendent à la vérité au nom d’une révélation. Ces idées peuvent être consignées dans un livre saint marquant ainsi la rupture entre religion et traditionnelles ou païennes (comme l’animisme, l’indouisme) et religion révélées (Judaïsme, Christianisme, Islam). Ces idées concernent toujours le salut de l’âme, c’est-à-dire la destinée de l’âme humaine après la mort. Tout religion implique aussi des rites qui sont des règles régissant la pratique d’un culte. Enfin, la religion implique une communauté organisée, charger d perpétuer le culte, le culte étant un ensemble de cérémonies par lesquelles on rend hommage à un dieu.

Ajoutons qu’il existe une grande diversité de religions :

  • Les religions monothéistes qui admettent l’existence d’un seul Dieu ;
  • Les religions polythéistes qui admettent l’existence de plusieurs dieux ;
  • Les religions animistes qui supposent que l’esprit des divinités anime les êtres naturels.

Précisons qu’il existe des religions sans dieu (c’est le cas de certaines formes de bouddhisme) et des dieux qui ne renvoient à aucun religion (c’est l’exemple des dieux chez Epicure qui sont indifférents au sort des hommes auxquels les hommes n’ont pas de culte à vouer).

B.  Qu’est-ce que le sacré ?

S’opposant au profane, le sacré est ce qui a trait au domaine religieux et fait l’objet d’un culte. Relevant d’un ordre puissant et redoutable, le sacré est, en général, séparé du domaine des réalités ordinaires. Emile DURKHEIM (1858-1917) dira à cet effet que « Les choses sacrées sont celles que les interdits protègent et isolent ». Le sacré représente une grâce mystérieuse et suscite un sentiment de terreur et de confiance, ce qui le place au-delà de toute discussion. Le sacré se donne sous l’expression ambiguë du pur et toute discussion. Le sacré se donne sous l’expression ambiguë du pur et de l’impur, de la sainteté et de la souillure. Il est entouré d’interdits (tabous, totem, …) destinés à régler ses rapports avec le profane. Ajoutons que le sacré est susceptible d’investir des choses (instruments de cultes, pierres, …), des plantes, des animaux, des êtres humain (prêtes, roi, …), des espaces (sanctuaire, forets,), des temps (fêtes religieux), des mot (noms des dieux, mots magique, incantation, …), etc. cette possession peut être stable ou passagère (Cf. les rites de consécration ou de désacralisation).

C.  Religion et magie

La magie se définie comme une pratique humaine qui consiste à dompter les forces de la nature par des incantations qui sont l’apanage du sorcier ou magicien. La distinction entre religion et magie n’est pas aisée dans la mesure ou la magie, elle aussi, se meut dans la sphère du sacré et se caractérise par des rites, voire des institutions. Aussi, tout comme le magicien, le croyant peut également tenter d’obtenir l’intervention de Dieu ou des dieux, des esprits ou des saints, dans la réalisation de ses projets et cela à l’aide de la prière (l’emploi des noms et des mots divins par exemple).

En réalité, il existe une différence essentielle entre religion et magie, qui réside dans la différence d’attitude entre la conscience religieuse et la conscience magique : tandis que l’attitude religieuse consiste à se placer dans une position d’humilité et de soumission par rapport au sacré, l’attitude magique, elle, consiste à se placer dans une position de puissance et de coercition. Le magicien cherche à tirer un profit immédiatement des puissances reconnues par la religion pour guérir, tuer un ennemi, faire pleuvoir ou être heureux en amour par exemple. Par ailleurs, la magie est toujours active et intéressée. Elle vise un but, tandis que la religion peut être passive, purement contemplative et le plus souvent désintéressée.

III.  QUELQUES APPROCHES DE DIEU

A la question du savoir s’il croit en l’existence de Dieu, Albert EINSTEIN (1879-1955) répond en ces termes : « Définissez-moi d’abord ce que vous entendez par Dieu et je vous dirai si s’y crois ». La réponse d’EINSTEIN nous laisse percevoir la complexité qui enveloppe la notion de Dieu. Notons que Dieu n’est pas un objet de connaissance quelconque. Les hommes s’accordent à dire que Dieu existe car toutes les civilisations ont cru en lui : c’est là l’argument du consentement universel. Mais, est-ce pour cela que Dieu existe véritablement ? Cette question trouve sa réponse dans les diverses

A.  Les thèses favorables à l’existence de Dieu

  • Le théisme : il est la conception de Dieu la plus familière parce qu’elle est celle des grandes religions (Judaïsme, Christianisme, Islam) qui tirent leurs origines des Saintes Ecriture. Dans la conception théiste, Dieu est avant tout le créateur de l’univers. Il est transcendant au monde créé (c’est-à-dire extérieur et supérieur au monde). Il est la source de tout ce qui existe, le principe des lois de la nature, la source suprême et la garantir des valeurs morales. Ce principe, c’est Dieu en lui-même considéré comme une personne, un être parfait, tout puissant et très bon.
  • L’agnosticisme : cette conception nous dit que l’univers est mystérieux. Dieu dans son infinie puissance, a fait en sorte que l’ordonnancement du monde échappe à la raison humaine. Que l’univers ait été créé, qu’il n’ait ni commencement ni fin sont de choses également incompréhensibles. Le problème des origines et des fins dernières nous dépasse. Emile LITTRE (1801-1881) disait de l’absolu qu’il est « un océan pour lequel nous n’avons ni barque ni voile ».
  • Le panthéisme : cette conception admet que Dieu et le monde constituent une unité fondamentale. Pour les panthéistes, Dieu n’est ni créateur du monde, ni extérieur ou supérieur au monde (il ne lui est pas transcendant) ; il est plutôt immanent. Le panthéisme n’est tout de même pas du polythéisme qui admet l’existence de plusieurs dieux qui peuvent être dans les objet de la nature ou dans les animaux. Pour les panthéiste, Dieu est unique. Baruch SPINZA (1632-1677), dira que les êtres finis ne sont pas des créatures de Dieu mais des parties de Dieu. Les panthéistes estiment que Dieu se confond à la nature : « Deus sive nature »

B.  Les positions sceptiques

  • L’théisme: il est la négation de Dieu. Cette conception dit que le monde n’a pas été créé par une personne transcendante ; il est éternel. Ainsi, tous les phénomènes de l’univers, en particulier l’homme et son histoire, s’expliquent à partir des lois de la matière en mouvement. L’homme, issu de la matière en prend progressivement connaissance et l n’y a dans l’univers aucun mystère définitivement inaccessible.
  • La religion de l’esprit: on l’appelle aussi l’idéalisme français qui dit que Die n’est autre chose que l’esprit humain lui-même en tant que source de vérité et des valeurs. Jules LAGNEAU (1851-1894) disait qu’il est la valeur, c’est-à-dire ce qui doit être et non ce qui est. Dire que Dieu existe, existe c’est blasphémer, c’est figer Dieu et le considérer comme un objet tout fait.

IV.  DIMENSION EXISTENCIELLE DE LA RELIGION

A.  Valeur de la religion

Loin d’être une pratique insensée (futile), la pratique religieuse est d’une grande valeur pour les hommes. L’être humain évolue au milieu des forces qui le dépassent et la religion lui permet de donner un sens à sa vie et d’atteindre le bonheur. Quoi qu’on dise, il reste vrai que la religion est à la société et aux hommes d’un certain confort spirituel. En effet, dans un monde de plus en plus absurde, celle-ci permet aux homme de se donner des repères et d’orienter leurs conduites afin de garantir le salut de leurs âmes après la mort.

En outre, la religion prône, par-delà tout, la tolérance ou le pacifisme ; elle consolide la fraternité (c’est l’exemple des frères et des sœurs en Christ), cultive la concorde et le partage (d’où l’aumône, la zakat…), préconise l’amour du prochain, …. Et il suffit de se rappeler ces propos du Christ à l’endroit de ses disciples pour convaincre ; « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ».

A tous ces bienfaits de la pratique religieuse, nous ajouterons le fait qu’elle console l’homme face au phénomène angoissant de la mort. Aux jeux du religieux, la mort est perçue comme un parchemin qui lui permettra de gouter les félicités divines car elle (la mort) est un retour au créateur. Cette vision se comprend par les expressions du genre : « Dieu a donné, Dieu a repris » ou « il a été rappelé à Dieu ».

B.  Critique de la religion

L’esprit de la religion est d’unir l’humanité dans un monde fait de grâce. Cependant, la réalité des faits contraire un tel projet. Tout d’abord, le domaine religieux apparait de nos jours comme un lieu d’incompréhension sans pareil entre les hommes. En effet, au nom de la religion, les passions naissent et les égoïsmes s’installent, sans parler du fanatisme, de la montée de l’intégrisme religieux, des guerres saintes et des tensions religieuses. Tout cela conduit à des divisions entre des frères de même sang (Cf. le conflit légendaire entre palestiniens et israéliens).

Puis, la valeur de la religion est susceptible d’être mise en doute au regard de son fondement qui ne serait rien d’autre que Dieu, lequel aurait une existence probable selon certains penseurs. En effet, la religion enseigne l’existence des dieux qui punissent et récompensent les œuvres humaines. Pour EPICURE (341-270 av. J.C), elle n’est qu’une illusion car les dieux n’interviennent pas les affaires humaines. La religion enseigne aussi la vie après la mort, ce qui est totalement absurde aux yeux des épicuriens car l’âme est composé d’atomes périssables. Il n’y a pas de survie de l’âme après la mort. Le paradis n’est que terrestre et consiste pour le sage vivre débarrassé de tout trouble. La religion, chez EPICURE, est fondée sur la peur de la mort. Ce fondement n’est donc pas valable.

Karl MARX (1818-1883), pour sa part, voit la religion comme une illusion. Elle est un produit de la société. Les hommes malheureux, à l’instar des prolétaires, transposent leur paradis dans l’autre monde. Servant à consoler l’homme de son aliénation sociale, la religion est le soupir de la créature opprimée. Elle enseigne la passivité. Elle est à ce titre « l’opium du peuple », le cœur d’un monde sans cœur. Alors que la religion enseigne un faux paradis, le vrai paradis pour les marxistes est la société sans classes.

Quant à Sigmund FREUD (1856-1939), il considère comme MARX, la foi religieuse comme une réaction a ‘’la misère réelle’’ de l’homme. Mais cette misère n’est pas seulement la misère économique de l’homme socialement aliéné ; elle est aussi la misère psychologique engendrée par la frustration de ses désirs et en particulier le désir de protection. La foi religieuse est alors la réponse à la ‘’détresse infantile’’ de l’homme devant la mort. A ce titre, les religions sont « des illusions, la réalisation des désirs les plus forts et les plus pressants de l’humanité ». Denis DIDEROT (1713-1784) écrira dans le même ordre d’idée : « Otez la crainte de l’enfer à un chrétien et vous lui ôterez sa croyance ».

V.  CONCLUSION

Cette analyse nous a permis de cerner les deux facettes du phénomène de la religion : noble dans ces intentions, elle est souvent dans la pratique.

Au-delà de toute mécréance, l’on serait tenté de se demander si la pratique religieuse n’est pas une perte de temps au regard du doute qui plane sur l’existence rationnelle de Dieu. pour Blaise PASCAL (1623-1662), l’homme est fait de deux(02) facultés que sont le cœur et la raison. La raison s’occupe des choses rationnels, c’est-à-dire scientifique. Elle est donc limitée par rapport au cœur qui connait les choses par sentiment ou par intuition. Le cœur a donc des vérités que la raison ne saurait démontrer. C’est à lui qu’il faut donc confier la foi et non à la raison. « Malheur à la raison le jour où elle étoufferait la religion » nous dit PASCAL in pensées. Bref, au sujet de la foi, il conviendrait d’éviter deux (02) excès : exclure la raison et n’admettre que la raison car « Assez de connaissance nous rapproche de Dieu, mais peu de connaissance nous en éloigne ».