Chapitre 1: La méthodologie du commentaire composé - Français Terminale D | DigiClass
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La méthodologie du commentaire composé

I.  Introduction

Le commentaire composé est l’un des trois (03) exercices proposés aux candidats à l’examen du baccalauréat. C’est un exercice écrit qui consiste à présenter de façon ordonnée un bilan de lecture à partir d’un texte. Ce texte peut être en prose (l’extrait d’un roman, d’un conte, d’une nouvelle), un poème, l’extrait d’une pièce théâtrale, un discours, une chanson,... Le choix du texte porte sur sa qualité littéraire en raison des thèmes qui y sont abordés, la richesse des images, les tournures stylistiques, la tonalité, le choix des lexiques, la construction syntaxique, la rythmique, …

Le texte en raison de sa qualité a un intérêt qui peut être d’ordre littéraire, social, culturel, politique, religieux, humain, artistique,… Il convient donc de décrypter toutes ses composantes en vue de mieux orienter l’analyse. Pour cela, plusieurs aptitudes sont indispensables à la rédaction de l’exercice.

II.  L’étude détaillée

À ce niveau, il s’agit d’exploiter tous les éléments du texte en vue de mieux orienter l’analyse. Rien n’est à négliger, tout élément paraissant banal peut avoir du sens selon l’orientation des axes thématiques. Il faut donc accorder une attention particulière à tous les éléments explicites et implicites du texte. Ces éléments peuvent être : 

  • la ponctuation et la graphie (la présence des points, des virgules, de points d’exclamation, des points d’exclamation, de points d’interrogation, des points de suspension, des majuscules, des minuscules, …) ;
  • le choix des verbes (leur mode, leur temps et leur valeur) ;
  • la prosodie dans le cadre des poèmes (le rythme, la mesure, l’harmonie, la musicalité, …) ;
  • la forme du texte (la disposition des vers par exemple) ;
  • la syntaxe (la construction des phrases ou des vers (S+V+C) ou la présence de propositions, de rapports logiques, les types de phrases ou de vers, …) ;
  • le choix des lexiques (les noms, les verbes, les adverbes, les adjectifs (qualificatifs, possessifs ou démonstratifs), les pronoms (personnels ou possessifs),…) ;
  • la sémantique (le sens propre ou figuré, le sens appréciatif, valorisant, mélioratif ou dépréciatif, dévalorisant, péjoratif) ;
  • les images et les figures de style (leur sens et leur pertinence quant à leur choix par l’auteur) ;
  • la tonalité du texte (lyrique, pathétique, dramatique, didactique, comique, tragique,…).

Le commentaire composé demande :

  • l’interprétation : on observe attentivement les éléments constitutifs du texte. On les analyse de manière approfondie et on déduit ou interprète leur sens en tenant compte des grands axes thématiques ;
  • l’organisation : l’exercice suit une démarche cohérente à partir de sa richesse thématique, stylistique, sémantique, lexicale ainsi que les autres éléments liés à la forme ;
  • la progression : elle s’inspire de la structure du texte et des éléments qui le composent.

III.  La compréhension du texte

Avant toute initiative, il faut chercher à comprendre le texte afin d’éviter une mauvaise interprétation. Raison pour laquelle il est important de se référer aux différents centres d’intérêt. Cela permet de comprendre les grands thèmes que dégage le texte. Dès lors, le rédacteur peut procéder au décryptage du texte en vue de créer des sous-thèmes en prenant en compte les lexiques, la syntaxe, la sémantique, les figures de rhétorique, les images, le rythme, la tonalité, la sonorité, ...

IV.  Les différents tons relatifs au texte à commenter

  • Au niveau du ton, on en distingue plusieurs :

    Le ton comique : les écrivains utilisent ce type de ton pour susciter le rire en vue de pousser le lecteur à la réflexion. Le ton comique accentue les traits d’un personnage, d’un caractère (caricature), joue sur les mots et les images, sur des aspects insolites de la vie (humour), représente les travers (bizarrerie, défauts), les ridicules d’une situation, d’une société (la parodie ou l’absurde).

    Le ton ironique : il s’apparente souvent au ton comique. Il consiste à dire le contraire de sa pensée pour dénoncer par la dérision une situation. Il invite au sens critique, fait grincer des dents ou sourire.

    Le ton didactique : il suscite l’attention et la curiosité. C’est une tonalité familière aux apprenants. Il emprunte le ton du professeur qui tient à expliquer. Son but est d’apprendre en exposant de façon sérieuse et objective des informations et des arguments.

    Le ton dramatique : il est plus utilisé au théâtre. Il déclenche les pleurs et plonge le lecteur dans des situations de rebondissements et de tensions. Il mise sur des événements réels, familiers, susceptibles de toucher aux sentiments.

    Le ton tragique : ce ton est surtout utilisé au théâtre (dans l’antiquité grecque). Il présente de grands malheurs, expose des conflits intérieurs graves et douloureux, met en scène des personnages désespérés. Il repose sur une situation funeste sans issue, provoque une tristesse intense, inspire le désespoir face à la fatalité.

    Le ton épique : il sollicite l’admiration et suscite l’adhésion à des valeurs. Il propose la célébration d’exploits sublimes (de guerriers, de rois ou de princes). Il présente des héros qui accomplissent des actions qui dépassent celles des forces humaines ordinaires. Il met en scène des situations réelles ou mythiques simples, ajoute une dimension grandiose aux faits et aux personnages, donne aux gestes et aux situations une portée symbolique.

    Le ton lyrique ou dithyrambique : au moyen-âge, la poésie était chantée. La lyre est l’instrument de musique qui servait à accompagner les déclamations. Il évoque l’exaltation de l’auteur, exprime des sentiments intimes, traduit l’exploration de son monde intérieur, traite généralement des thèmes comme l’amour, la solitude, la mort, l’appel à la nature et aux humains.

    Le ton pathétique : il suscite l’attendrissement et la pitié du lecteur. Il présente des situations où la passion entraîne la souffrance, exprime le mal de vivre et fait une description qui pousse au paroxysme.

    Le ton oratoire : ce ton est propre aux discours où le but est de susciter l’enthousiasme. Il apparaît lors des grandes occasions dans des situations où l’on veut donner une impression forte ou marquer les esprits. Il recourt aux grands mots, aux formules et autres tournures emphatiques et grandiloquentes.

    Le ton polémique : il invite à prendre position, implique un climat de tension caractérisant un débat, présente des arguments en combinant raison et émotion, il fait la critique de la position adverse et appelle à la réplique.

V.  L’élaboration d’un plan du commentaire composé

A.  L’introduction

Elle fournit les principaux éléments d’information sur le texte et annonce les différents aspects qui seront abordés dans le développement. Elle comprend quatre (04) étapes qui sont : la mise en contexte, la présentation du texte, l’idée générale et l’annonce du plan.

1.  La mise en contexte

Il faut situer le sujet dans un contexte général. Cependant, le contexte général ne doit pas s’écarter du thème abordé dans le texte. Il s’agit de montrer ce qui a poussé l’écrivain à produire le texte : on parle de la source d’inspiration de l’écrivain. L’écrivain s’inspire toujours de ce que vivent ses semblables. Il en fait une préoccupation. C’est pourquoi, il évoque cette situation dans l’intention d’attirer l’attention du lecteur et de la société en général. 

2.  La présentation du texte

Elle prend en compte les éléments suivants :

  • la connaissance de l’auteur (son nom, sa nationalité) ;
  • le titre du texte (s’il en existe) ;
  • la date et la maison d’édition de l’ouvrage ;
  • l’œuvre d’où est extrait le texte ;
  • le mouvement, le courant littéraire ou l’époque à laquelle se rattache le texte (romantisme, réalisme, naturalisme, absurde, négritude, désenchantement, nouvelle génération d’écrivain), …;
  • la nature du texte (un poème, un texte en prose, l’extrait d’une pièce théâtrale, le discours d’une personnalité importante, une chanson, …)

Nb. : le rédacteur ne doit rien inventer si le texte ne fournit pas ces différentes informations.

3.  L’idée générale du texte

Il faut dégager l’idée générale du texte. Dégager l’idée générale d’un texte à commenter, c’est faire ressortir ce dont il est question dans le texte. Dans la majeure partie des cas, les candidats utilisent les centres d’intérêt pour en faire une idée générale. En clair, l’idée générale du texte, c’est ce dont traite l’auteur. Il met toujours en évidence un aspect thématique bien déterminé et il faut être précis en faisant ressortir toute la substance du texte.

4.  L’annonce du plan

Annoncer le plan du commentaire composé revient à énoncer clairement les axes autour desquels s’articulera l’analyse (deux ou trois centres d’intérêt) qui correspondent aux différentes parties du développement.

B.  Le développement

Le développement ordonne les impressions produites par le texte autour de deux (02) ou trois (03) grandes idées et les approfondit par une étude détaillée. À ce niveau, il faut songer à dégager les sous-thèmes dans chaque grande partie du devoir.

C.  La conclusion

Elle rappelle les impressions dominantes dégagées par le commentaire composé et ouvre des perspectives plus larges sur l’intérêt historique, littéraire, humain, social du texte. Elle comprend trois (03) étapes :

1.  Le bilan argumentaire

Il s’agit de faire un bilan des centres d’intérêt étudiés. En un mot, il convient de rappeler ce qui a été mené comme analyse au niveau du développement en rappelant seulement les grands axes thématiques abordés. Il faut être précis.

2.  La mise en valeur de l’originalité du texte

Il s’agit de faire ressortir la valeur du texte. Tout texte à commenter repose sur une originalité. Il comporte un intérêt qui peut être d’ordre social, humain, littéraire, artistique, historique, etc. Le but de l’auteur du texte est de produire des effets sur le lecteur en raison du sujet qu’il évoque, voire la noble cause qu’il défend. Raison pour laquelle il utilise les tournures variées de la langue pour porter son message avec pour but de changer les choses.

3.  L’ouverture

Elle n’est pas semblable à celle de la dissertation ou de la discussion. Puisque le commentaire composé porte sur un texte à étudier, l’ouverture doit se faire par rapprochement de texte à texte. Il convient de rapprocher le texte étudié à un autre texte du même auteur ou d’un autre auteur qui aborde la même thématique. Cela permet d’ouvrir des perspectives plus larges.

VI.  La rédaction du commentaire composé

Le commentaire composé respecte la logique argumentaire. Il faut prêter une attention particulière à l’articulation des éléments. Raison pour laquelle, une qualité des transitions permet une cohérence entre les idées et une logique progressive. Chaque partie s’intéressera à développer les idées les moins importantes aux plus importantes ou aller du sens le plus explicite au sens le plus implicite, ou de l’analyse des thèmes à leur interprétation symbolique.

Au début de chaque partie du développement, une phrase introductive encore appelée ¨introduction partielle¨ annonce le travail qui sera élaboré dans la grande partie du développement.

Les liens logiques permettent de progresser dans le raisonnement, et ce à travers l’usage de connecteurs logiques tels : d’abord, de prime abord, primo, premièrement, ensuite, aussi, en outre, enfin, …

Des tournures appropriées permettent de rendre fluides et cohérentes les idées. On peut utiliser des verbes comme « souligner », « démontrer », « dénoter », « mettre en évidence ou en exergue », « traduire », « exprimer », « suggérer », « révéler », « expliciter », …

L’étude doit s’intéresser aux éléments liés au fond et à la forme. Il faut prendre en considération tous les éléments constitutifs du texte.

Les effets littéraires : ils sont rendus possibles grâce aux tournures stylistiques propres à l’auteur.

L’émotion : elle peut naître de l’emploi d’un vocabulaire affectif et est souvent matérialisée par les points d’exclamation ;

Les hyperboles : elles peuvent traduire la violence des sentiments par exemple ;

L’interjection : elle peut exprimer l’admiration ou l’émotion ;

Le vocabulaire dépréciatif : il peut renforcer l’impression de la misère, de la souffrance, du dégoût, de la mélancolie, du désespoir, de l’horreur, …

Le vocabulaire appréciatif : il suggère l’impression de l’aisance, du bonheur, de la joie de vivre, de la richesse, du luxe, de la beauté, …

La répétition : elle peut produire un effet comique ou un effet d’insistance.

 

Il faut présenter les citations du texte en guise d’exemples entre guillemets. On peut adopter les différents modes de présentation des éléments du texte au cours du commentaire en citant simplement les exemples puisés dans le texte. Le correcteur maîtrise le texte. Il faut donc éviter l’étude linéaire (ligne par ligne) avec des tournures du genre « du vers 1 au vers 4 ou ¨de la ligne 5 à la ligne 10 », au risque même de survoler l’étude ou pire la surcharger de phrases ou de vers entiers. Les exemples sont concrets et nécessitent l’usage de mots ou groupes de mots (adjectifs qualificatifs, verbes, adverbes,… ou de figures de style), entre guillemets.

VII.  Des notions de critique

Pour réussir le devoir, une critique appropriée permet de comprendre l’esprit du texte à travers son contenu.

A.  La connaissance historique et sociologique

  • La circonstance historique doit être connue en vue de savoir ce qui guide les intentions de l’auteur.
  • L’étude de l’idéologie de l’époque peut être nécessaire à la compréhension du texte (le réalisme, le romantisme, l’absurde, la négritude, le désenchantement, la désillusion, le passéisme,…).
  • La classe sociale de l’auteur permet de situer le texte dans un contexte social (classe bourgeoise ≠ prolétaire, pauvres ≠ riches).

B.  La connaissance biobibliographique

Il s’agit de l’ensemble des connaissances liées à la vie et aux productions littéraires de l’écrivain. Cela permet d’élargir le champ d’étude du texte.

Nb. : Il faut éviter de rédiger le commentaire dans une présentation qui séparera le fond de la forme.

 

La grille d’évaluation du commentaire composé

Objectifs

Les critères d’évaluation

+

º

-

Le barème

Introduction

La mise en contexte ;

La présentation du texte ;

L’idée générale (directrice) du texte à étudier ;

L’annonce du plan.

      4pts

Développement

La compréhension de l’exercice (critères éliminatoires)

Ne pas dissocier l’analyse de la forme et celle du fond ;

Ne pas faire d’explication linéaire.

La clarté du commentaire

Le devoir suit un plan adapté au texte ;

Le devoir comprend au moins deux (02) parties équilibrées qui se complètent et s’enchaînent sans se répéter.

La logique et la cohérence du commentaire

Les centres d’intérêt sont bien ordonnés ;

Les remarques stylistiques sont situées dans la bonne partie du devoir (sans se répéter) ;

Les remarques stylistiques sont articulées entre elles et s’enchaînent selon une progression logique.

La rigueur du commentaire

Les remarques stylistiques sont variées (champs lexicaux, images, structure du texte, rythme, sonorité + versification pour un poème) ;

Chaque partie comprend au moins une remarque de chaque rubrique 

Le commentaire s’appuie sur des citations du texte.

      10pts

 

Conclusion

Le bilan des centres d’intérêts

La mise en valeur de l’originalité du texte ;

L’ouverture sur d’autres textes du même auteur ou d’autres auteurs abordant la même thématique.

      3pts

Expression écrite

L’orthographe ;

La syntaxe (construction de phrases + pas de parenthèses) ;

La grammaire.

      2pts

Présentation

Sauter une ligne entre les différentes parties du devoir (introduction/développement/ conclusion + entre les deux parties du développement) ;

Marquer des alinéas (aller à la ligne à chaque remarque nouvelle)

Les citations des mots du texte sont entre guillemets ;

La transformation des mots du texte sont en crochets ;

Les points de suspension sont entre parenthèses pour toute coupure du texte.

      1pt